dimanche 22 mai 2016

Piratage du livre

Aujourd'hui, un "bla bla" sur mes petites réflexions autour du livre et de l'édition en général. Pour cette première fois, je souhaite évoquer un mal nuisible à mes livres adorés : le piratage.

Alors, je ne pourrai pas parler des techniques ou des moyens employés parce que je n'y connais rien. Je suis loin d'être calée en informatique et surtout le procédé ne m'intéresse pas en lui-même. Ce qui me chiffonne, c'est la pratique et l'idée qui la commande. Il n'y a pas si longtemps on en parlait surtout à propos de la musique.

                                              

De ce que j'en comprends, le piratage est un moyen d'avoir des livres numériques sur ordinateur ou liseuse sans les payer. Autrement dit, le plaisir de lire une œuvre façonnée par d'autres sans débourser un centime. Et là, je ne comprends plus.

Le livre est un objet (ou un support si on parle du numérique) assez cher de nos jours. Je ne vais pas le nier. Je me souviens des prix lorsque j'étais jeune acheteuse et je vois bien la différence par rapport à maintenant. Mais est-ce une raison ?

Forcément, ma réponse est non. Il y a désormais moult moyens de lire sans trop dépenser :

- le plus évident est la bibliothèque municipale. L'adhésion est souvent peu onéreuse voire gratuite, on peut choisir sans s'inquiéter de savoir si l'ouvrage va plaire au point de vouloir le garder, le relire un jour ou si l'on s'est trompé et que l'on a dépensé "pour rien". Nombreuses sont les bibliothèques qui proposent à leurs adhérents de faire des propositions d'achat. Ainsi, on signale un titre qui nous intéresserait et la structure l'achète en nous laissant la priorité pour le premier emprunt. Alors, oui, on n'a pas son ouvrage immédiatement et parfois le délai peut être assez long. Mais on ne paie rien, sans nuire à personne. L'ouvrage en bibliothèque pourra ainsi être lu et découvert par d'autres inscrits et avoir une vie respectable. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre, ça existe encore ?

- les livres d'occasion. Voici un principe qui s'étend de façon conséquente. On rachète à quelqu'un, dans une libraire ou une recyclerie, un livre dont le propriétaire veut se séparer. On offre une deuxième vie à l'ouvrage pour une part minime de son prix. En recyclerie, je trouve des livres très récents pour 80 centimes. Et en plus cet argent sert aux bénévoles puisque les recycleries ont souvent une structure associative dans le but d'aider les plus démunis ou de promouvoir la lecture.

- attendre la publication en format poche change de manière conséquente l'investissement et l'encombrement de la maison. Les sorties sont de plus en plus rapides. Et oui, là encore il faudra porter ce fameux livre bien qu'il existe peut-être actuellement des formules pour les livres numériques. Mais dans tous les cas, ai-je déjà parler du beurre et de son argent ? ;-)

- le troc est encore assez peu répandu, connu. Cette pratique vieille comme le monde (ou presque) consiste à échanger un livre dont on ne veut plus contre un autre que l'on convoite. Encore un moyen à investissement zéro et pourquoi pas l'occasion d'entrer en contact avec un autre passionné ?

Je suis sûre qu'il existe d'autres possibilités (se faire offrir des livres au lieu de babioles qui ne nous plaisent pas à tous les coups par exemple). Elles concernent davantage le livre papier mais pour le numérique, il faut aussi penser à tous les ouvrages tombés dans le domaine public qui permettent de découvrir des joyaux de culture à prix zéro.

                                                        

Il est clair que ce qui transparait ici, est de trouver le moyen de lire à hauteur des envies. J'en viens à un problème plus concret : celui de l'argent. Le livre a un coût, il représente un travail, et je devrais même dire plusieurs, qu'il soit en version papier ou en version numérique :

les auteurs, les illustrateurs, les graphistes ... travaillent pour écrire ce qu'on lit, c'est leur job, leur métier. Ils sont sûrement passionnés mais ce n'est pas une raison pour négliger leur investissement. Avoir des idées, celles qui feront sourire ou frémir, ce n'est pas rien. La créativité n'est pas un dû et n'est pas à la portée de tout le monde parce que tout le monde n'a pas envie de passer son temps à partager cela. Se documenter, rechercher, travailler son écriture, et j'en passe, est un réel boulot.

Certains sont prêts à dépenser pour le dernier gadget à la mode, issu d'une idée lui aussi, mais pas pour un livre, pourquoi ? Peut être parce qu'il y a une notion d'utilité. Un objet semble concrètement servir à quelque chose mais pas un moment de lecture. Cela ressemble à un conflit d'intérêt. Mais sans entrer dans une discussion philosophique, je prends un exemple du quotidien :
On a envie de manger un camembert au dîner. On va au magasin, on l'achète et on se régale. Si on prenait ce camembert dans le magasin sans le payer, ce serait du vol, pas moins. Et le bouquin téléchargé illégalement, qu'est-ce c'est ?
Ce n'est pas pareil parce que l'alimentation est un besoin et la lecture, un loisir ? En toute logique en effet, on consacre plus de budget pour se nourrir que pour partir en vacances ou acheter des disques et des livres. Et si le budget manque pour la seconde catégorie, il y a solutions dont certaines mentionnées plus haut. Alors ?

- les éditeurs, les diffuseurs, les distributeurs, les revendeurs ... représentent une multitude de personnes travaillant autour du livre papier ou numérique. Chacun ses compétences et tout le monde souhaite recevoir les fruits de son travail. Si tout fonctionne bien, on trouvera une couverture faisant envie, un contenu attrayant, dans un endroit où l'on aura la chance de se le procurer ou facilement téléchargeable dans l'outil approprié. Tout le monde aura bien rempli son rôle.
Mais ce serait mieux de ne rien payer pour ce livre ?
Quand un employé travaille toute la journée, qu'il a été consciencieux à sa tâche, imaginons son patron venir lui dire : "vraiment c'est du bon boulot, ce que vous faites me plait. Mais aujourd'hui, j'ai décidé de ne pas vous payer". Le premier étonnement passé, l'employé irait chercher recours auprès des instances juridiques aptes à faire valoir ses droits. Normal.
Là, on ne peut que reconnaître que la propriété intellectuelle est fort méconnue et horriblement mal défendue et qu'un éditeur ayant monté sa structure en est pour ses frais.
Est-ce une raison ?

Tout comme le consommateur peut agir en choisissant ce qu'il met dans son panier, le lecteur peut choisir de voir encore de petites librairies dans son paysage ou d'en faire une espèce en voie de disparition comme les disquaires aux rayons fournis et aux conseils avisés.

Je terminerai ce bla bla, déjà fort long bien qu'incomplet, sur une dernière question : le livre est souvent loisir, il est également culture. Il faut, par exemple, de nos jours que les enfants sachent lire au plus tôt, qu'ils aiment ça au plus vite et pourtant, en cas de piratage, la lecture est traitée comme une source négligeable qui ne vaut pas le moindre investissement. N'y aurait-il pas contradiction ?


Et pour vous, que représente la Culture ?

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